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Comment renforcer sa résilience et sa performance dans un environnement incertain ?
Découvrez le témoignage inspirant de Gildas Bonafous, Président de la société Les Biolonistes, dans un marché du bio sous tension. Un entretien croisé avec Loïc Tatibouet, associé au sein de la société Talenz Audit.
A quelles difficultés votre entreprise a-t-elle été confrontée ces dernières années ?
Gildas Bonafous : La crise de la Covid a d’abord eu un effet bénéfique sur le marché du bio. Mais les choses se sont retournées dès le début 2021 avec la baisse de l’euro qui a eu un impact direct sur nos prix d’achat. Se sont ajoutées ensuite l’augmentation de 30 % du transport routier, puis celle du fret maritime, multiplié presque par 5 en un an. La guerre en Ukraine nous a également impactés à plus d’un titre, notre fabricant de bouteilles en verre étant ukrainien.
Gildas Bonafous, Président chez Les Biolonistes
Comment avez-vous fait pour maintenir le cap ?
Gildas Bonafous : Nous avons d’abord dû réduire nos charges mais surtout, nous avons mené une vraie réflexion stratégique sur notre positionnement. Après ces années complexes, nous avions besoin d’un projet nouveau pour revitaliser l’entreprise. Le fait d’être importateur nous ayant fortement pénalisé, nous nous sommes demandé quel produit pouvait être réindustrialisé en France.
A partir de cette année, nous sommes devenus fabricants de couverture de chocolat. Passer du statut de négociant à celui de producteur a instauré une vraie dynamique dans la maison.
Il y a peu de fabricants de couverture de chocolat français, ils sont majoritairement belges, suisses, italiens ou hollandais. N’étant clairement pas attendu sur le marché, comment être différenciant ? Être 100 % certifié bio était un atout, être 100 % made in France aussi. Nous avons réussi à amener de la valeur ajoutée sur le territoire français, à redonner du sens à la filière et au produit. Avec le chocolat, nous ne sommes plus simple négociant et le prix n’est plus le premier critère d’achat. Désormais, nos clients, des artisans, des pâtissiers, des glaciers, des fabricants de tablettes…, nous parlent filière, origine, transformation, sensation, saveur, production, dégustation… C’est ce qui fait réellement la différence : la qualité de notre produit. C’est valorisant pour nos 40 salariés, qui ont trouvé un nouveau sens à leur travail.
Quel rôle Talenz Audit a-t-il joué pour vous accompagner et vous aider à relever ces enjeux ?
Loïc Tatibouet : Notre rôle en tant que commissaire aux comptes va bien au-delà de la simple certification des comptes annuels. Nous sommes des acteurs de la prévention et jouons un rôle crucial d’alerte, en aidant les entreprises à anticiper les difficultés financières. Plus tôt nous réagissons, plus il est simple de trouver des solutions viables. Malheureusement, il arrive souvent que les dirigeants pensent pouvoir s’en sortir seuls ; il est de notre responsabilité de créer un environnement de confiance pour faciliter la communication et les aider à identifier le bon moment pour réagir. Notre œil externe nous permet de mesurer plus facilement les tendances de marchés à travers la pluralité des entreprises que nous auditons.
Nous exerçons un métier de facilitateur de gestion et de relations avec une vision à 360° sur le monde de l’entreprise. Nous avons la chance de rencontrer de nombreux partenaires financiers qui interviennent chez nos clients ce qui nous permet de pouvoir régulièrement mettre en contact ces partenaires. En parallèle, nous menons une veille économique permanente chez Talenz Audit et connaissons toutes les subventions ou financements mobilisables pour nos clients. Notre connaissance des différents dispositifs alliée à l’efficacité de nos outils et de nos méthodes, nous permet d’apporter une dynamique à nos clients. Notre approche, basée à la fois sur une forte proximité et la technique du feed forward (qui aide à visualiser le futur en permettant la pleine exploitation du potentiel de nos clients), y contribue également.
Loic Tatibouet, Associé et Commissaire aux comptes chez Talenz Audit
Gildas Bonafous : Notre nouvel outil de production a nécessité un investissement financier important, de l’ordre de 1 M€. Talenz Audit nous a mis en contact avec un partenaire spécialisé dans la recherche d’aides et de financements ce qui nous a permis d’obtenir 200 000 € de subvention et de concrétiser notre projet. Sans eux, nous n’aurions jamais su que ce type de financement existait.
Sur quels autres chantiers l’expertise de Talenz Audit vous a-t-elle été précieuse ?
Gildas Bonafous : Nous avons eu à renégocier notre contrat d’électricité à l’été 2022, au pire moment de la crise. Le coût a été multiplié par 6. Il fallait absolument avoir une meilleure maîtrise de notre consommation d’énergie. Nous avons pu échanger avec Talenz Audit sur la révision de nos budgets, les hypothèses que nous avions retenues et l’impact sur notre compte de résultat des années 2023 et 2024. Son regard externe nous a permis de nous situer comparativement à des entreprises de tailles similaires dans la région.
Plus généralement, quand on est une PME, travailler avec un commissaire aux comptes permet d’avoir un avis externe et totalement indépendant sur nos activités et notre organisation interne. Il est parfois difficile de formaliser certains process. Les salariés comprennent à travers les travaux de contrôle du commissaire aux comptes et des recommandations qu’il préconise que le contrôle interne et la formalisation de procédures internes sont des facteurs clés de succès et permettent de répondre aux attentes du marché et des clients.
Loïc Tatibouet : Dans le cadre de nos restitutions de missions, nous balayons tous les sujets et nous émettons des alertes, que ce soit sur la facturation électronique, les couvertures d’assurance, l’audit informatique ou la logistique à travers l’audit des stocks. Nous rappelons quelles sont les grandes étapes à respecter pour mettre en œuvre tel ou tel projet en fonction de la croissance ou de la décroissance de l’entreprise et quelles sont les grandes dates à avoir en tête pour être en conformité avec la réglementation.
Nous avons aussi un rôle de benchmarking. Par exemple, Keramis voulait changer d’ERP. Nous sommes en capacité de donner un avis, en toute indépendance, sur un ERP en fonction de l’activité et de la taille de l’entreprise dans la mesure où nous en auditons un grand nombre chez nos autres clients.
Quelles sont pour vous les clés d’un partenariat réussi avec un cabinet d’audit ?
Gildas Bonafous : En l’espace de 18 mois, notre entreprise avait accumulé les mauvaises nouvelles, aussi bien sur le plan macro que micro. L’impact sur le moral des salariés n’est pas anodin et sur le chef d’entreprise aussi, qui ne peut pas être totalement imperméable à cette morosité. En dehors de son comité de direction, le chef d’entreprise a besoin de pouvoir parler de toutes les problématiques de l’entreprise avec un professionnel extérieur à l’entreprise qui apportera un autre regard. Avoir des échanges constructifs avec mon commissaire aux comptes m’a permis d’être rassuré, de sortir la tête du guidon, de recharger les batteries et finalement de donner un nouveau souffle à l’entreprise.
Loïc Tatibouet : Notre relation va au-delà des rendez-vous annuels légaux. Je me considère comme un challenger. Je reçois une information, je la questionne de façon critique et j’anticipe toutes les conséquences possibles d’un changement. Je suis à même d’apporter une analyse comparative par rapport à d’autres entreprises de la même taille ou du même secteur en toute indépendance, puisque je n’ai pas de rôle opérationnel.
Gildas Bonafous : Je ne vis pas du tout l’audit légal comme une sanction. Au contraire, je considère notre commissaire aux comptes comme un partenaire incontournable. L’échange avec Loïc est totalement transparent, il est au courant de toutes les décisions stratégiques de l’entreprise et cette connaissance lui permet d’avoir un vrai rôle critique externe. Mes associés sont très soucieux de sa parole, en particulier lors de l’assemblée générale ordinaire d’approbation des comptes dans laquelle il intervient.
Loïc a le recul et l’expérience nécessaire pour me dire quand je fais fausse route. Il faut réussir à concilier ses propres convictions et les limites acceptables en termes d’investissement ou de temps consacré à un projet. Je suis un industriel, c’est important d’avoir ce regard financier, qui ne met pas trop d’émotionnel, et permet d’anticiper ou d’éviter certains pièges.
L’entreprise a démontré qu’elle a su faire preuve de résilience et garder la tête froide. Aujourd’hui, le résultat est là, notre chocolat bio est vendu à des tarifs très compétitifs, comparables aux tarifs du conventionnel car l’inflation a été plus importante en conventionnel qu’en bio. Je suis convaincu que le marché du bio va reprendre des couleurs, c’est la pierre angulaire de la construction de la nouvelle société et la seule voie possible en termes d’alimentation.